24 Octobre 2019
En lecture priante (Lectio Divina), être attentif au texte, à certains mots, se laisser porter et interroger par eux, par leur contexte, comprendre le texte... Entrer en prière... Dieu m'y parle. Je parle à Dieu...
Nous sommes à la fin de la lettre de Paul. Après avoir encouragé Timothée à poursuivre son ministère au milieu des oppositions, Paul en vient à sa situation personnelle. Dans sa prison romaine, en un langage imagé, Paul évoque avec lucidité la fin de son parcours d'apôtre.
Je suis déjà offert en sacrifice. Le mot grec sacrifice est libation. La libation est l'offrande de vin, d'huile ou autre liquide, versée sur l'autel d'un dieu. Paul va verser son sang, comme et avec Jésus sur l'autel de la croix. Il écrit ailleurs : Si mon sang même doit se répandre en libation sur le sacrifice et l'oblation de votre foi, j'en suis heureux (Philippiens 2,17). Les martyrs de tous les temps, ceux d’aujourd’hui, certains, littéralement, versent leur sang... Quelle est mon attitude ? Que puis-je verser en sacrifice sur l'autel de la Croix ?
Le moment de mon départ, littéralement de lever l'ancre. Paul va voguer vers celui qui l'a appelé sur la route de Damas pour en faire son apôtre. Il a beaucoup navigué sur la Méditerranée pour le Christ ! Je peux prier sur ma "navigation"personnelle, familiale, sociale,religieuse, etc...
J'ai mené le bon combat, j'ai achevé ma course. Paul reprend, du début de sa lettre, l'image du soldat et de l'athlète. Il insiste sur la lutte sportive, la course de fond et d'endurance olympique vers la médaille, la couronne de la justice, de l'ajustement définitif en Dieu par le Christ. La vie d'un disciple du Christ est une épreuve sportive, un combat d'endurance dans l'amour. Je poursuis ma course pour tâcher de le saisir, ayant été saisi moi-même par le Christ Jésus (Philippiens 3,12). Il écrit aux Éphésiens (6,13s) : Prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez résister quand viendra le jour du malheur, et tout mettre en œuvre pour tenir bon. La foi est un combat et une course. Quel est mon champ de bataille ? Sur quel parcours se déroule ma course ? Un petit examen de conscience, dans la lumière de l'Esprit Saint...
J'ai gardé la foi... Cela ne veut pas dire que Paul n'a pas perdu la foi, mais qu'il en a été le gardien, le défenseur et le promoteur et le méditatif de cette foi. Il y a 15 jours, le 27ème dimanche, nous avons lu : Garde le bon dépôt avec l'aide de l'Esprit Saint qui habite en nous. Ce terme "garder" peut me renvoyer à l’attitude de la Vierge Marie en sa vie, résumée ainsi en Luc 2,51 : Sa mère gardait dans son cœur tous ces événements. Une méditative...
Le jour, la manifestation glorieuse. Manifestation, littéralement Épiphanie. Le dernier Jour, après de nombreux jours du Seigneur dans l'histoire du monde et dans mon histoire personnelle, son retour, sa grande venue, son grand "Avent", son "Épiphanie" totale.
Personne ne m'a soutenu. La fin de l'extrait liturgique est de tonalité souffrante mais pleine d'espérance. Paul a souvent été contesté. Dans le passage non choisi par la liturgie, [ici entre crochet] de ce dimanche, il en parle clairement, citant même des noms. Il s'est souvent senti seul dans les querelles au sein de ses communautés, dans ses paroisses, dirait-on aujourd'hui. Paul est semblable au pauvre de la première lecture de ce jour ou au publicain de l’évangile... Je relis ces textes avec soin. Comme ces pauvres, Paul s'accroche à une certitude, le Seigneur est le Sauveur, le Libérateur, il ouvre la piste vers le Royaume céleste, but de la course. Ma course à moi ? Je regarde mes pieds ou bien devant, au loin ?
Paul C.