24 Octobre 2021
Ce bel évangile, il vaut le coup d’être revisité. Cet aveugle au bord de la route, il a un nom, Bartimée, on sait même qu’il est le fils de Timée, il a une identité, on le connait. Mais on s’est habitué à sa présence au bord de la route, il sera mendiant et aveugle toute sa vie.
Alors que lui-même veut vivre, il veut voir, et il comprend que seul Jésus qui passe peut l’aider, peut le guérir. Il crie vers lui : « Prends pitié de moi. » Il le reconnait comme le fils de David.
La foule ne veut pas l’écouter au début mais Jésus s’arrête et le fait appeler. L’attitude de la foule change alors, ils encouragent l’aveugle : « Confiance, lève-toi, il t’appelle ». L’aveugle est mis au centre alors qu’il était toujours mis de côté. Et il bondit, lui qui était toujours immobile. Jésus engage le dialogue avec lui, il lui demande ce qu’il veut. « Rabbouni, que je voie. » Et Jésus avant de le guérir, lui dit : « Ta foi t’a sauvé ». Jésus admire la foi de cet homme qui a eu confiance en lui, et non seulement il va le guérir, lui ouvrir les yeux, mais il va le sauver, il englobe toute sa personne, son corps mais aussi son cœur. Et l’homme va suivre Jésus sur le chemin. Une relation est née entre eux, une relation de confiance, de foi, et cette relation s’entretient sur le chemin. Nous savons que ce chemin conduit Jésus vers Jérusalem, le lieu de sa Passion, de sa mort et sa résurrection. C’est le chemin de la vie éternelle.
Cet homme au bord de la route, il peut nous faire penser à des personnes que l’on côtoie, dont la vie est comme arrêtée à cause d’un handicap physique ou social. On ne voit pas trop ce qu’on peut faire pour les aider alors on passe à côté d’eux sans trop d’attention. Pourtant, au fond d’eux, ils ont une identité, ils ont une force de vie. Et nous, nous sommes porteurs du Christ, nous pouvons leur demander : « Que voulez-vous que le Seigneur fasse pour vous ? » Alors cette question, il ne faut pas la poser tout seul. Pour se pencher vers les plus blessés de la vie, il faut être plusieurs, pour que les compétences des uns et des autres puissent se compléter, pour que la fraternité soit encore plus forte.
Il y a ceux qui sont blessés par la vie dont nous devons avoir le souci en Eglise. Et le rapport sur les abus dans l’Eglise montre que ces victimes sont nombreuses et désemparées. Elles veulent y voir clair dans la nuit de leur cauchemar. Elles attendent des mains qui se tournent vers elles et qui leur redonnent le goût de la vie.
Au bord de la route, il y a ceux qui sont dans la nuit pour des raisons diverses. Ca peut être nous-mêmes qui pouvons être dans une situation où nous avons besoin d’être aidés, d’être éclairés. Jésus passe près de nous. A nous d’être attentifs à son passage, à le guetter, à bondir vers lui. Jésus nous demande de croire en lui, de croire en sa capacité de voir au plus profond de notre cœur. Nous qui sommes baptisés, nous savons que nous sommes sauvés. Sauvés du mal qui parfois nous emprisonne, sauvés du découragement, sauvés de l’obscurité et des ténèbres. Continuons de demander à Jésus qu’il nous aide à toujours mieux voir, avec les yeux du cœur et ceux de la foi. Mieux voir ceux et celles qui sont autour de nous, avec toutes leurs richesses. Mieux voir le cadeau de la Création, pour la contempler et la protéger. Mieux voir le chemin qui est devant nous, le chemin de la Passion avec Jésus, c'est-à-dire avec un amour passionné pour les hommes, les femmes, les enfants d’aujourd’hui.
Nous avons à creuser toujours plus notre foi, ensemble, pour être toujours plus tournés vers le monde. Notre monde est malade, aveuglé par tous les obstacles que mettent les hommes, mais il est pourtant sauvé. Nous sommes des missionnaires, la mission est parfois difficile mais le résultat est bien là, comme nous le dit le psaume que nous avons entendu : « Qui sème dans les larmes moissonne dans la joie. Il s’en va, il s’en va en pleurant, il jette la semence ; il s’en vient, il s’en vient dans la joie, il rapporte les gerbes ».
P. Jean-Christophe Cabanis
Jr 31, 7-9 ; Ps 125 (126), 1-2ab, 2cd-3, 4-5, 6 ; He 5, 1-6 ; Mc 10, 46b-52