19 Février 2022
Cet évangile pourrait être appelé celui de l’éloge de la non-violence. Jésus demande de ne pas riposter à la violence. De tendre l’autre joue quand on nous frappe sur une joue. De souhaiter du bien à ceux qui nous maudissent. Finalement, il s’agit de désamorcer la violence. De ne surtout pas tomber dans l’escalade de la violence. On est loin du « œil pour œil, dent pour dent » qui était déjà un progrès par rapport à une vengeance qui n’avait pas de limite. « Faites du bien à ceux qui vous haïssent » : c’est de cette façon qu’on peut faire tomber la haine.
Jésus est peut-être maître en non-violence mais il est bien plus que ça. Parce que le moteur de ce qu’il préconise, c’est l’amour. « Aimer vos ennemis », c’est cela qui est révolutionnaire. L’ennemi reste mon frère, ma sœur, c’est un enfant de Dieu et nous devons l’aimer. Ne pas aimer seulement ceux qui nous aiment, mais aimer aussi les autres, ceux qui ne nous aiment pas, sinon c’est trop facile dit Jésus. Or l’amour n’est pas facile. On ne choisit pas ceux et celles qu’on voudrait aimer. Jésus nous demande d’aimer tout le monde et il nous en a bien donné l’exemple en pardonnant à ses bourreaux sur la Croix. S’il les a pardonnés, c’est qu’il les aime. Il n’y a pas de pardon sans amour, il n’y a pas d’amour sans pardon. Et la première lecture est une très belle illustration : David a toujours aimé Saül qu’il considérait comme son père. Mais Saül ne l’aimait pas et voulait le tuer parce qu’il avait peur pour son trône. David a été, dans ce récit, en situation où il pouvait tuer Saül et ainsi il n’aurait plus vécu dans la peur. Mais il n’a pas voulu le faire, il a désamorcé la violence. Plus tard, son propre fils Absalom voudra s’emparer de son trône et le tuer. Il continuera d’aimer son fils même s’il est devenu son ennemi.
Le sommet de l’évangile, c’est : « Soyez miséricordieux comme votre Père est miséricordieux ». La miséricorde, c’est le plus grand qualificatif qu’on peut attribuer à Dieu. Les musulmans sont d’accord avec nous d’ailleurs, ils appellent Allah le miséricordieux. La miséricorde, c’est l’amour qui comprend le pardon. C’est le cœur de Dieu qui se penche sur la misère de l’homme, sur son péché. Nous croyons en un Dieu plein de miséricorde qui nous rétablit dans notre dignité, nous qui sommes pécheurs. Et étant enfants de Dieu, nous sommes aussi capables de miséricorde. Capables de pardonner, capables d’aimer notre prochain comme nous-mêmes, quelque soit le prochain, quelque soit celui ou celle dont on se fait proche. Il s’agit d’être miséricordieux comme le Père, mais nous ne sommes pas le Père. Ce n’est pas à nous de juger, encore moins de condamner.
Et puis il y a la répétition de Jésus qui demande de faire du bien. Là aussi, il faut prendre Jésus en exemple. Il a fait du bien partout où il passait en Palestine. Il a fait du bien par ses paroles, par ses gestes, par ses regards. Nous pouvons prendre exemple sur lui, mais surtout le laisser agir en nous.
Et l’autre attitude que Jésus demande dans ce très beau programme pour une vie chrétienne, c’est de donner. De donner sans compter. Et nous savons que lorsque nous donnons de tout notre cœur, nous recevons encore plus. Donner, pardonner, aimer, c’est ce registre qui est le notre, nous les chrétiens qui suivons le Christ. Avec cette règle d’or que Jésus rappelle : « Ce que vous voulez que les autres fassent pour vous, faites-le aussi pour eux ». Se mettre à la place des autres pour savoir ce qui peut être le mieux pour eux et le leur offrir.
Et gardons aussi ce rappel de St Paul qui nous dit que nous sommes des êtres spirituels. Nous sommes créés de l’argile à l’image de Dieu et nous sommes recréés à l’image du Christ. Soyons dignes de cette image pour participer à un monde qui s’élève vers le Père avec notre prière, un monde de paix et de fraternité universelle.
P. Jean-Christophe Cabanis
1 S 26, 2.7-9.12-13.22-23 ; Ps 102 (103), 1-2, 3-4, 8.10, 12-13 ; 1 Co 15, 45-49 ; Lc 6, 27-38