Dimanche de la Divine Miséricorde ou 2e dimanche de Pâques - Année A - Paroisse de Colomiers - Diocèse de Toulouse

         Après la mort de Jésus, en ce premier jour de la semaine, les disciples ont peur.  Que va-t-il se passer sans leur maître abandonné au moment de son arrestation ?

Vivent-ils dans un monde désormais abandonné de Dieu ? Livré à lui-même et  définitivement sous l'emprise du mal ? Les premiers mots du Christ ressuscité sont là pour les apaiser : la Paix soit avec vous.

         Mais de quelle paix s’agit-il ? Celle de la sécurité retrouvée ? D’un dénouement heureux dans lequel tous les hommes vont enfin vivre dans la concorde, dans une sorte de paradis terrestre ? Non !... Au soir de ce premier jour, c'est la Paix du Christ ressuscité, vainqueur du mal, une Paix qui entre dans un monde toujours défiguré par le péché… Dieu a choisi de sauver l'homme en prenant son humanité pour la relever de sa chute originelle... Et Il la reprend… là où elle en est ! Reprendre les hommes, là où ils en sont : c’est l’œuvre de la miséricorde de Dieu. Le Christ montre ses mains et son coté, les disciples le reconnaissent par ses blessures. Elles nous rappellent la gravité du péché et ses conséquences. Les disciples sont alors remplis d’une grande joie dit St Jean.

         Mais de quelle joie s’agit-il ? Certainement celle de sa présence retrouvée : Il est vivant... c'est bien lui ! Au soir de ce premier jour, la mort elle-même a changée, elle n'a pu retenir le Corps de jésus. Ses blessures sont devenues stigmates... signe que toutes les souffrances humaines trouveront désormais leur guérison... la présence du ressuscité autour des disciples, c'est l'assurance que le Salut des hommes est déjà réalisé !

         La Paix du Christ et la Joie des apôtres : c'est l’avènement d'un jour nouveau ! Dieu n'a pas laissé les hommes sous l'emprise du mal... bien au contraire !...  En crucifiant jésus, l'humanité a touché le fond... et pourtant c'est à ce moment que Dieu la relève ! La Victoire de la Croix, c'est la victoire de l'amour miséricordieux de Dieu  vainqueur du mal. Par le pardon des péchés, il en a vaincu la conséquence : la mort.

         La rencontre du Christ ressuscité avec ses disciples est un moment unique dans l’histoire de l’humanité. Elle donne à la foi des apôtres son annonce essentielle. Ce que l'on appelle le Kérygme. Jésus est vraiment ressuscité, ils l’ont vu, ils en sont témoins. Le Christ souffle sur eux, comme Dieu avait donné la vie à Adam au livre de la genèse, les disciples reçoivent l’Esprit-Saint pour vivre en union avec Lui.  Ils sont envoyés par le Christ comme le Père a envoyé le Fils dans le monde. L’œuvre de la Croix se propage dans le monde par les disciples. Grâce au pardon des péchés, les hommes de tous les temps pourront s’unir à la Paix et à la joie du Ressuscité...

         L’apôtre Thomas, lui, est absent de cette première rencontre. Les raisons de cette absence ne sont pas dite dans l’évangile mais elles peuvent s’expliquer par son attitude : Thomas, c’est le disciple qui veut tout maîtriser, il ne veut pas dépendre du groupe, il ne veut se fier qu’à sa raison, il est individualiste et donc incrédule… il veut toujours qu’on lui fournisse des preuves à tout ! Thomas signifie jumeau, mais son frère n’est jamais mentionné dans l’évangile, il est le jumeau de chacun de nous. Un jumeau universel...Et nous le savons tous : en nous il y a un St Thomas qui s’ignore.

         C’est huit jours plus tard que le Christ exerce sa miséricorde pour Thomas, il le rejoint là où il en est : Thomas pourra alors lui aussi voir et même toucher le Corps du ressuscité. D’incrédule et individualiste Thomas devient croyant et porte-parole de la foi des apôtres, Il reconnaît en Jésus : Mon Seigneur et mon Dieu. La profession de foi de Thomas, c’est le point d’orgue de l’évangile de St Jean. Thomas est rejoint par le Christ. En lui montrant ses blessures, Il le rejoint dans son péché, dans tout ce qui l'enferme sur lui-même et l’empêche de croire et d'aimer. C'est par les blessures du Christ qu'il est enfin libéré car il y voit dans un même regard son péché et le pardon qu'il reçoit… C'est l'acte de miséricorde de Dieu.

         Cette rencontre, beaucoup d'hommes et de femmes l'ont faite dans leur vie… La miséricorde de Dieu s’exerce dans le monde et touche chacun de nous. Le Christ en fait une ultime béatitude : Heureux ceux qui croient sans avoir vu. En recevant la foi des apôtres, nous intégrons leur groupe qui n’est autre que l’Église au sens large, l’Église mystère. St Jean écrit son évangile pour cela : pour que vous croyiez que Jésus est le Christ, le Fils de Dieu, et pour qu’en croyant, vous ayez la vie en son nom. Dieu est riche en miséricorde, il l'accorde à qui lui demande. Certains saints parlent de miséricorde infinie ! St Thomas n'a pas fait confiance en ses frères apôtres, c'est jésus lui-même qui lui permettra d'avancer dans la foi. Certes, la miséricorde est l’œuvre de Dieu mais elle n'a d'autre but que de nous incorporé à son Église, le lieu de la fraternité réelle. Nous ne pouvons pas être chrétien tout seul ! Comme l'a peut-être pensé Thomas.

         La Paix et la joie sont faites pour être partagées ! La communion fraternelle, c'est le fruit de la miséricorde de Dieu. Frères et Sœurs dans le Christ, aujourd’hui le geste de partage de la Paix du Christ prend un sens plus profond encore. Qu’il nous garde chacun dans la Paix et la joie du ressuscité.

Amen.

P. Pascal Desbois

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Ac 2, 42-47 ; Ps 117 (118), 2-4, 13-15b, 22-24 ; 1 P 1, 3-9 ; Jn 20, 19-31