3 Juillet 2020
Comment j'ai eu la foi
Je suis tombée dans le chaudron de la foi quand j'étais toute petite. Mon père s'est demandé s'il était appelé à la prêtrise avant de tomber amoureux de ma mère. Leur pratique religieuse assidue, faite de piété et d'engagement solidaire, a construit ma foi.
Quand j'ai eu 17 ans, mon père est mort d'un cancer en quelques mois. Pourtant, sa guérison était l'objet des prières de beaucoup de personnes. Alors j'ai "fait la gueule à Dieu", pendant plusieurs années. Mais je n'ai jamais cessé de croire qu'Il existait. Je lui parlais, régulièrement, lui confiai mes espoirs ou mes angoisses de jeune femme.
J'ai fait de longues études, j'ai voyagé, j'ai rencontré beaucoup de gens différents, je suis tombée amoureuse à mon tour, mes enfants sont nés. C'est la nécessité de leur transmettre la foi qui a présidé à mon ancrage dans la paroisse.
Je voulais offrir à mes enfants, comme on me l'avait offert, ce compagnonnage pour la vie.
Ce qu'est la foi pour moi...
La foi n'est pas une conviction. Les convictions peuvent dresser les gens les uns contre les autres, quand chacun campe sur ses positions. La foi, c'est Dieu qui nous la donne. Et Dieu appelle à l'échange, au dialogue. On peut parler de sa foi avec les autres croyants, quel que soit le Dieu -ou les dieux- qu'ils prient. Je peux aussi parler de ma foi avec des non-croyants. J'avoue que c'est plus difficile de discuter avec des anti-cléricaux... c'est un défi que je laisse à l'Esprit saint !
Je ne crois pas que la foi soit une force. Ou alors pas de celle qui donne des super-pouvoirs. Je crois que la foi rayonne à l'intérieur de chacun, et fait fleurir le projet que Dieu a mis en nous.
La foi m'apprend aussi une belle qualité : l'humilité. D'elle naît la capacité à construire son bonheur avec peu de choses, la capacité à se mettre à sa juste place, et à laisser à l'autre la sienne, à se reconnaître tout petit et éphémère dans le cycle de la vie.
La foi m'incite à m'engager. Et elle m'ouvre à de belles rencontres, dans la paroisse et dans la cité ; ces rencontres me questionnent, me bousculent, me réjouissent ou m'attristent. Je les vis comme des chances. Grâce à elles, ma foi s'entraîne et s'enrichit : il faut la perfectionner, l'interroger, elle est mouvante, et exigente !
La foi m'inspire. C'est l'Esprit saint qui accompagne mes idées loufoques, mon enthousiasme, mon humour. Pour moi, la foi n'est pas un carcan, un ensemble de règles austères. Elle est joyeuse.
Transmettre la foi
Croire en Dieu, aimer les autres, suivre le chemin de Jésus, c'est s'ouvrir à quelque chose de plus grand que soi, mais où on a sa place, et on n'est jamais déçu. C'est ce que j'essaie de transmettre aux collégiens : je veux leur proposer autre chose que la richesse, les résultats scolaires ou l'apparence pour être heureux et trouver leur place dans la société. Dans cette mission, je me vois comme un outil, utile ici, et puis là, et puis encore là-bas... Et j'aime être membre d'une équipe animée par cette même foi, comme un secret partagé qui nous fait vibrer.
Pour le moment, ma foi est au service des jeunes. Un jour, elle m'appellera ailleurs. Je lui fais confiance pour me trouver d'autres chemins à explorer.
Laure Valax