23 Décembre 2017
A l’école, on apprend aux élèves les nuances entre un migrant et un immigré ou un émigré. L’immigré et l’émigré ont fini leur migration, du moins pour un temps long. Le migrant est en chemin, il n’est pas établi. Nous avons longtemps parlé des immigrés en France et en Europe, venus d’autres pays d’Europe, d’Afrique du Nord ou subsaharienne, ou d’autres continents. Aujourd’hui, nous parlons beaucoup des migrants, et nous en parlons surtout au sujet des souffrances qu’ils endurent et des problèmes qu’ils semblent poser. Les mages de l’Evangile, d’après cette définition, étaient des migrants. Ils sont venus jusqu’à Bethléem et sont repartis, ne donnant plus de leurs nouvelles. Ils avaient économisé pour se délacer et avaient emporté leurs richesses. Ils devaient venir de loin et avoir marché longtemps en suivant l’étoile, parce que les étoiles dans le ciel, à part les étoiles filantes, ne se déplacent pas vite. Arrivés à Jérusalem, ils ont été confrontés aux autorités civiles et religieuses. Hérode a voulu les piéger mais ils ont pu s’en sortir. Ce n’est pas dans la grande ville qu’ils ont trouvé ce qu’ils cherchaient, l’hospitalité, la chaleur familiale, l’amour, l’humanité, la divinité, mais dans ce lieu simple et humble de Bethléem qui veut dire « la maison du pain ». Ils ont su voir un signe de Dieu dans ce petit enfant et leur cœur s’est réjoui. Ils ont offert leurs richesses qui représentaient le meilleur de leur culture et de leur raffinement, et ces richesses ont été appréciées à leur juste prix car venant du cœur. Ils ont été joyeux que leur voyage, leur migration, les conduise au roi du Royaume de l’amour.
Les migrants d’aujourd’hui suivent sûrement une étoile qui peut nous guider nous aussi. Si nous sommes installés dans la Jérusalem de nos certitudes et de nos habitudes, de notre confort ou de notre insatisfaction, nous avons tous à effectuer un déplacement vers des lieux de pauvreté où se révèle le Dieu d’amour auquel nous croyons. Si nous aidons ou accompagnons nos frères et sœurs migrants dans leurs démarches de logement et de papiers qui n’en finissent pas, croyons que ce sont eux aussi qui nous guident et nous accompagnent sur notre chemin de foi. Que c’est ensemble que nous pouvons aller jusqu’à la crèche pour nous prosterner devant Celui qui est la source de la vie. Celui qui nous apprend le sens de la vie. Les mages-migrants sont nos guides et nos frères et sœurs, même si leur passage dans nos vies est furtif. Ils ont vécu des drames qui dépassent souvent les nôtres. Ils ont des richesses que nous avons à découvrir. Ne passons pas à côté de l’étoile qu’ils nous désignent, celle de la solidarité, de la fraternité, d’un Dieu qui s’est fait homme pour partager notre condition, qui vient nous rejoindre dans nos pauvretés et nous enrichir de son amour.
Bonne fête de Noël et de l’Epiphanie à tous !
J-Christophe Cabanis, édito de l'Espace 85 - janvier 2018