(Lectio Divina, 3ème Dim de l'Avent année B)
Esprit de Dieu, ouvre mon intelligence et mon cœur.
1. Que dit ce texte ? 2. Que me dit ce texte ? 3. Que vais-dire au Seigneur ? 4. Pour vivre dans la grâce du texte.
Magnificat (Luc 1,46s.)
46. Mon âme exalte le Seigneur,
47. exulte mon esprit en Dieu, mon Sauveur !
48. Il s’est penché sur son humble servante ; désormais tous les âges me diront bienheureuse.
49. Le Puissant fit pour moi des merveilles ; Saint est son nom !
50. Sa miséricorde s’étend d’âge en âge sur ceux qui le craignent.
53. Il comble de biens les affamés, renvoie les riches les mains vides.
54. Il relève Israël son serviteur, il se souvient de son amour...
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Ce poème du Nouveau Testament écrit en grec utilise la forme traditionnelle des psaumes composés, eux, en hébreu. Il emploie les mêmes tournures de phrases et leur mentalité. Signes que ceux-ci étaient la nourriture spirituelle des premières générations de chrétiens. Il ressemble au cantique d'Anne, rendant grâce à Dieu pour l’annonce de la naissance de Samuel (1 Samuel, 2s.). Il est plein également de réminiscences de psaumes. Par exemple dans la 1ère lecture de cette messe, d'Isaïe : Je tressaille de joie dans le Seigneur, mon âme exulte en mon Dieu.
Il est dans la lignée spirituelle des ''Pauvres du Seigneur'', les ''anawim''. Cette parole de Jésus peut caractériser qui sont ces ''anawim'' : Père, Seigneur du ciel et de la terre, je proclame ta louange : ce que tu as caché aux sages et aux savants, tu l’as révélé aux tout-petits. (Lc10,21). Dans la première lecture, les ''Pauvres du Seigneur'' : L’esprit du Seigneur Dieu est sur moi parce que le Seigneur m’a consacré par l’onction. Il m’a envoyé annoncer la bonne nouvelle aux humbles, guérir ceux qui ont le cœur brisé, proclamer aux captifs leur délivrance, aux prisonniers leur libération. Les tout-petits, les humbles, les cœurs brisés, les captifs, les prisonniers... Par rapport aux sages, aux savants... Il faut entendre ces mots au sens spirituels. Bien que le sens propre n'est pas à exclure. Dans la synagogue de Nazareth Jésus inaugure sa prédication en citant le texte d'Isaïe. (Luc 4,16s.)
Marie, humble servante. Dans l'Annonciation, Marie dit à l'ange : Voici la servante du Seigneur ; que tout m’advienne selon ta parole. Jésus, Dieu prenant la condition de serviteur, lavant les pieds de ses apôtres au soir du Jeudi Saint. Le Magnificat répartit les personnes en deux ''catégories'' : d'une part, les gens ordinaires, les humbles, les pauvres... d’autre part, les riches,les repus,les puissants, les notables... Une invitation à travailler dans le sens de Dieu : la justice, l'attention aux méprisés, la promotion des pauvres, etc.
Humilité, simplicité... Il y a dans la société des personnes en vue, des gens importants, des notables... même dans l’Église, dans une paroisse, dans une association ... que le pape François met en garde contre ce qu'il appelle la ''mondanité''... Ne suis-je pas tenté de me considérer ainsi parfois ? Il y a aussi des gens de condition moyenne, les humbles, ceux dont on parle peu, ceux dont la spiritualité ou les dévotions ou je ne sais quoi me paraissent étrangères à mon niveau intellectuel, ou à ceci ou à cela, ou qui viennent d'ailleurs... Et moi ? Marie était de ceux-là, peu connue, perdue dans son petit village méconnu de Nazareth. Nathanaël,sur le point d'être recruté parmi les apôtres d'un certain Jésus de Nazareth : De Nazareth peut-il sortir quelque chose de bon ? La profession de Joseph faisait de lui un ''notable'', de la classe moyenne. Mais son attitude profonde en fait une ''pauvre du Seigneur'', acceptant d'accueillir, en toute simplicité et en toute confiance, Marie dans sa grossesse : Joseph qui était un homme juste... fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit : il prit chez lui son épouse mais il ne s’unit pas à elle, jusqu’à ce qu’elle enfante un fils, auquel il donna le nom de Jésus. (Mt 1,24s.)
Dieu, sa miséricorde... sur ceux qui le craignent... La crainte de Dieu, en langage biblique, c'est le respect plein de tendresse envers Dieu. La miséricorde, c'est ce sentiment qui vient des entrailles, sentiment de père et de mère.
Je peux conclure ma lecture priante par quelques extraits de l'action de grâces d'Anne (1 Samuel 2,1s.). Et Anne fit cette prière : Mon cœur exulte à cause du Seigneur ; mon front s’est relevé grâce à mon Dieu ! […] Il n’est pas de Saint pareil au Seigneur [...] L’arc des forts est brisé, mais le faible se revêt de vigueur. Les plus comblés s’embauchent pour du pain, et les affamés se reposent [...] De la poussière, il relève le faible, il retire le malheureux de la cendre pour qu’il siège parmi les princes, et reçoive un trône de gloire.
Paul C.