6 Septembre 2019
L'épître à Philémon est la plus courte des lettres de saint Paul. Paul, vieil homme... prisonnier... à cause du Christ... à cause de l’Évangile. A Rome très probablement. En une sorte de résidence surveillée, d'où il peut sortir avec un gardien et où il peut recevoir du monde. Un esclave en fuite, Onésime, l'a rejoint et s'est converti au Christ, sans doute au contact de Paul. Onésime, à qui j'ai donné la vie dans le Christ, le baptême probablement. Or, selon Paul, dans le baptême : "Il n’y a plus ni juif ni grec ; il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus l’homme et la femme ; car tous, vous n’êtes qu’un en Jésus-Christ " (Galates3, 28). Une égalité dans le Christ. "C’est dans un unique Esprit, en effet, que nous tous, Juifs ou païens, esclaves ou hommes libres, nous avons été baptisés pour former un seul corps. Tous, nous avons été désaltérés par un unique Esprit."(1 Corinthiens 12,13)
Il faut se représenter ce que l'esclavage signifiait : l'humain était réduit à son utilité, à un objet. Onésime, lui qui est comme mon cœur, Paul le garderait bien, soit pour qu'il me rende des services en ton nom... pour son utilité, pour être serviteur de l’Évangile avec Paul ; soit il le renvoie à son maître dans son emploi de service du maître.
Paul ne sait que penser ? Et moi, lisant cette lettre ? Je ne vais pas en faire une lettre sur l'esclavage. L’Église a mis du temps à le condamner. Mais elle s'est vite empressée près des personnes pour y voir des frères et sœurs en Christ, égaux en dignité. Comme le témoigne cette lettre.
Pour méditer son texte, je peux passer par différentes stratégies. Tantôt me voir en Philémon, ou en Onésime, ou en Paul, ou en un chrétien membre de la communauté de Philémon ou compagnon de Paul. Et essayer de voir comment j'aurais agi. Et comment j'agis dans des situations analogues de ma vie. Les esclavages actuels ont des formes très diverses, esclavages personnels, sociaux, religieux, etc.
Paul fait appel à la liberté de son correspondant : non par contrainte, mais volontiers. Dans mon action près des autres à qui j'ai envie parfois de faire la leçon, je puis imiter les sentiments de Paul, le respect, la miséricorde... Qui suis-je pour juger ?
"Tout est grâce" ! Cette célèbre parole du "Journal d'un Curé de Campagne" de Bernanos. Dans tous les événements, même dans le péché, il y a une présence du Seigneur, comme un compagnon bienveillant, m'invitant à un discernement de confiance. Que me dit le Seigneur ? Si Onésime a été éloigné de toi pendant quelque temps, c’est peut-être pour que tu le retrouves définitivement, non plus comme un esclave, mais, bien mieux qu’un esclave, comme un frère bien-aimé. En tout, la grâce.
Paul C.