Paroisse Colomiers

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Dimanche des Rameaux et de la Passion (année A)

Nous avons l’habitude de souligner le contraste entre l’entrée de Jésus à Jérusalem, acclamé par la foule en liesse, et quelques jours plus tard, la Passion que va vivre Jésus, toujours à Jérusalem, avec une foule qui s’est retournée contre lui.

Jésus reste bien le même dans les deux scènes, ainsi que dans tout l’évangile. Il est à la fois roi et serviteur. Roi plein d’humilité, comme lorsqu’il rentre à Jérusalem à dos d’âne.

Dans le récit de sa Passion, nous voyons qu’il y a des fausses pistes que Jésus a toujours refusées pour sa royauté. Il y a la fausse piste de l’argent. Judas va s’y engouffrer mais il le regrettera. Il sera pris de remords une fois son forfait accompli, mais ne cherchera pas le pardon du Seigneur. Il va s’enfermer dans son malheur, dans sa perte.

Il y a la fausse piste de la violence. Jésus ne voudra pas être défendu par les armes au jardin des Oliviers : « Tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée » dira-t-il. Tout son procès sera très violent, inique, et il sera frappé par les gardes avant d’être crucifié. Pourtant c’est le centurion, le chef des gardes, qui fera la plus belle profession de foi en observant l’attitude non-violente de Jésus : « Vraiment, celui-ci était Fils de Dieu ! ». La vérité l’emporte sur la violence.

Et puis il y a la fausse piste du pouvoir. Le Sanhédrin n’a pas le pouvoir puisque le pays est occupé par les Romains. C’est le gouverneur Pilate qui peut décider de la mort d’un homme. Le grand-prêtre et les scribes vont alors se tourner vers lui, l’occupant, l’ennemi, pour arriver à leurs fins. Et ils demandent la libération d’un criminel pour qu’un innocent soit condamné. Cette lâcheté n’empêchera pas, quelques décennies plus tard, que Jérusalem et son Temple soient détruits par les Romains et le peuple juif dispersé.

Jésus est le roi désarmé, dénudé, dont la richesse est dans son cœur et dans sa relation à son Père. Il est le roi du Royaume des Cieux et son pouvoir est celui de donner, de pardonner, de sauver.

Jésus est roi, il est aussi serviteur. Serviteur de la mission que son Père lui a confiée, même si cela lui coûte et que son « âme est triste à mourir » à Gethsémani. Serviteur qui accomplit la volonté de son Père : « Non pas comme je veux, mais comme toi, tu veux ».

Serviteur du royaume de l’amour et il compte sur les siens pour être serviteurs comme lui. C’est le sens du dernier repas où, après leur avoir lavé les pieds, il partage le pain et la coupe avec ses amis en leur disant : « Prenez … ceci est mon corps … ceci est mon sang ». Jésus est au service de l’alliance éternelle entre Dieu et l’humanité, et cette alliance nouvelle est confiée à l’Eglise, à travers l’eucharistie et la charité. Ses amis connaîtront des défaillances et des lâchetés comme Pierre. Mais Jésus pardonnera à Pierre son reniement, lui qui a pleuré amèrement après coup, et il en fera même son premier serviteur.

Les femmes de son entourage sont là aussi lors de la crucifixion, même si elles se tiennent loin. Elles seront les premières messagères de la résurrection. Au service de la Bonne Nouvelle de Jésus ressuscité.

Jésus est le Serviteur souffrant annoncé par Isaïe et le psalmiste. Celui qui ne se dérobe pas, même face à l’adversité et à la violence. Dans la première lecture d’Isaïe, nous voyons ce serviteur à l’écoute dès le matin. Il est à l’écoute d’une parole qu’il pourra dispenser à celui qui est épuisé.

Que cette fête des Rameaux et cette semaine sainte, si particulières cette année, nous confortent dans notre vocation de serviteurs et servantes du royaume de l’amour, en contemplant Jésus qui va jusqu’au bout de l’amour, et en écoutant, dès le matin, la parole qui nous est destinée pour que nous fassions du bien à ceux qui sont épuisés.

P. Jean-Christophe Cabanis

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