13 Juin 2020
Le verbe « manger » revient 8 fois dans cet évangile. Dans la lecture du Deutéronome, il est question de la manne qui est mangée par les Hébreux au désert, qui leur a permis de traverser le désert. Cette nourriture leur venait directement de Dieu.
Dans l’évangile, c’est la chair dont il est question et de son sang. Il y a de quoi étonner les Juifs. Nous nous savons la suite : C’est au cours de son dernier repas que Jésus a dit à ses apôtres : « Ceci est mon corps, mangez-en tous ; ceci est mon sang, buvez-en tous » en désignant le pain et le vin. Le Corps et le Sang de Jésus passent à travers ces espèces qui sont modestes, mais qui représentent le fruit de la terre et du travail des hommes.
Manger et boire est vital pour nous. Manger et boire le corps et le sang du Christ est encore plus vital puisqu’il est question de la vie éternelle. Jésus en parle plusieurs fois dans ce discours sur le Pain de vie qui fait suite à la multiplication des pains. Jésus a nourri la foule, il a le souci aussi du pain matériel, il a le souci de ceux qui ont réellement faim, mais il sait aussi que « l’homme ne vit pas seulement de pain ». Il sait que l’homme a un corps qu’il faut entretenir, mais qu’il a aussi un cœur. Jésus se donne en nourriture, il se laisse manger pour nous habiter, pour que notre cœur soit encore plus en capacité d’aimer, comme lui-même nous a aimés. Jésus nous offre la vie éternelle en se donnant en nourriture, il nous promet de nous ressusciter au dernier jour. Mais il s’intéresse aussi au monde d’aujourd’hui : « Le pain que je donnerai, c’est ma chair donnée pour la vie du monde » dit-il. Jésus est venu sauver le monde. Ce monde qui nous préoccupe aujourd’hui, qui est malade. Malade à cause de la pandémie, mais aussi à cause des injustices et des inégalités, de la Création abîmée. Malade à cause de souffrances que vivent trop d’hommes, de femmes, d’enfants, à travers le monde. Malade à cause du péché des hommes. Jésus est venu le sauver par son amour infini et par son pardon.
Alors si nous communions à son Corps et à son Sang, si nous mangeons son Corps et buvons son Sang, c’est lui qui vient nous habiter, et c’est lui qui agit à travers nous. Notre vie doit être tournée vers notre monde malade, à l’image des soignants que nous avons souvent félicités, penchés vers les malades. Nous devons redoubler d’attention les uns pour les autres, de bienveillance, nous tourner vers les plus petits, les plus faibles, ceux qui sont les derniers dans la société mais les premiers dans le Royaume des Cieux.
Notre monde est un monde à aimer parce que notre Dieu vient y habiter, le Père, le Fils et l’Esprit-Saint, en passant par nos cœurs.
Alors mangeons le Corps et le Sang du Christ comme nous mangeons la Parole de Dieu, et mettons-nous au service de ce monde qui a besoin d’amour, de fraternité, de justice, et de pain aussi. Notre monde qui a faim et soif de communion, de se sentir aimé.
Que notre Eglise, qui est le Corps du Christ et le Temple de l’Esprit, soit toujours plus attentive à notre monde qui est la Création de Dieu, une Création blessée mais sauvée.
P. Jean-Christophe Cabanis
Dt 8, 2-3.14b-16a ; Ps 147, 12a ; 1 Co 10, 16-17 ; Jn 6, 51-58