17 Mars 2020
Chers fidèles du Christ,
Jamais nous n’avons connu un Carême comme celui que nous vivons ensemble. Nous voici cloîtrés ; nous voici tous en retraite spirituelle. La lutte contre la propagation du coronavirus nous oblige à un confinement exigeant. Le combat contre le péché nous fait expérimenter régulièrement la nécessité d’une purification ; c’est ainsi que les 40 jours du Carême opèrent leur œuvre de renouveau. Nous pouvons attendre aussi du bien ou du mieux suite à l’épidémie qui nous inquiète. On nous dit que les villes de Chine qui ont été strictement confinées ont vu leur taux de pollution diminuer de façon notable.
Le Chef de l’État et le Gouvernement ont décidé de nous maintenir en nos domiciles à partir du mercredi 18 mars. Nous n’avons pas le choix : il en va de la santé nationale, pour ne pas contaminer et pour n’être pas contaminé. Il nous faut observer les consignes qui nous sont données même si elles ont des répercussions lourdes sur notre vie d’Église. Ce que saint Paul écrit à son disciple Timothée résonne en nos esprits :
« J’encourage avant tout, à faire des demandes, des prières, des intercessions et des actions de grâce pour tous les hommes, pour les chefs d’État et tous ceux qui exercent l’autorité, afin que nous puissions mener notre vie dans la tranquillité et le calme, en toute piété et dignité. Cette prière est bonne et agréable à Dieu notre Sauveur, car il veut que tous les hommes soient sauvés et parviennent à la pleine connaissance de la vérité » (1 Tm 2, 1-4).
Respect et obéissance des consignes sont donc de rigueur pour que nous restions « sains et saufs ».
Il nous est difficile et douloureux de devoir renoncer à nos assemblées, à nos rencontres et réunions diverses, mais il nous reste l’essentiel qui est la communion ecclésiale qui n’a pas de frontière ni de barrière. Les prêtres continuent, en communion avec le Pape et moi-même, à célébrer la messe à huis-clos « pour la gloire de Dieu et le salut du monde », pour toutes les communautés de notre diocèse, pour les malades et pour tous les soignants, pour les pauvres et les isolés.
Les réseaux sociaux vont nous être d’une grande aide : notre Radio-Présence, nos sites internet, nos propositions de messes et d’offices sur plusieurs chaînes de télévision, particulièrement la messe du pape tous les jours à Sainte-Marthe au Vatican. Nous pourrons nous retrouver sur les ondes. Notre newsletter pour les confinés qui nous rejoint est déjà bien appréciée. Les livrets mensuels pour la messe (Magnificat, Prions en Église, etc.) continueront de nous faire méditer la Parole de Dieu et les textes liturgiques. Sur le site AELF, on peut retrouver les offices de la Liturgie des Heures.
Même si nous allons souffrir de l’isolement, nous ne sommes pas seuls. Prenons des nouvelles les uns des autres par téléphone et par des messages internet. Je remercie les salariés et les bénévoles du diocèse, à la fois ceux qui continuent à travailler chez eux, et ceux qui doivent se résigner à un chômage partiel ou entier. Je constate combien chacun entre généreusement dans ces limitations qui s’imposent à nous tous. Continuons et durons dans ce sens.
Profitons-en pour nous poser, nous reposer, réfléchir, lire et prier. En lien avec ce que nous réfléchissons sur la conversion écologique, voyons comment nous pouvons avancer dans les changements nécessaires de nos modes de vie pour aller vers une sobriété heureuse. Ce qui nous arrive manifeste la fragilité de notre monde à divers plans. N’est-ce pas un signe qui nous est donné pour travailler à réduire de nombreux désordres ?
« Cette conversion, écrit le pape François dans Laudato Si’, suppose diverses attitudes qui se conjuguent pour promouvoir une protection généreuse et pleine de tendresse. En premier lieu, elle implique gratitude et gratuité, c’est-à-dire une reconnaissance du monde comme don reçu de l’amour du Père, ce qui a pour conséquence
des attitudes gratuites de renoncement et des attitudes généreuses, même si personne ne les voit ou ne les reconnaît. Cette conversion implique aussi la conscience amoureuse de ne pas être déconnecté des autres créatures, de former avec les autres êtres de l’univers une belle communion universelle » (n. 220).
Au milieu du XIXe siècle, alors que le choléra sévissait dans notre pays, sainte Émilie de Villeneuve était allée en pèlerinage à Pibrac pour demander à sainte Germaine d’intercéder pour que l’épidémie cesse dans sa ville de Castres. Peu de temps après cette demande la propagation du choléra s’est arrêtée. Devant la progression du virus Covid-19, les Sœurs Bleues nous proposent cette prière que je vous invite à reprendre :
« Dieu Notre Père,
Seigneur et Maître de l’Univers,
Toujours attentif à la clameur de ceux qui t’invoquent,
Nous savons que tu restes proche de nous
dans les difficultés et les joies de notre vie quotidienne
C’est pourquoi, devant cette « Pandémie »
due au Coronavirus qui secoue notre monde
Nous recourons à vous avec foi et confiance,
comme le fit en son temps, sainte Émilie de Villeneuve
par l’intercession de sainte Germaine.
Nous demandons aujourd’hui par leur commune intercession,
la cessation de ce fléau pour que triomphe la foi sur la peur ;
la solidarité sur l’égoïsme et la Vie sur la mort.
Toi le Dieu de bonté et de tendresse qui élève les petits et les pauvres,
prends pitié de nous et de notre monde. Amen !
Sainte Germaine et sainte Émilie de Villeneuve, priez pour nous ! »
Que l’Esprit de consolation demeure parmi nous, chez nous !
Avec vous de tout cœur et tous les jours, dans une communion qui va grandir
et nous faire retrouver le désir et le goût de nos assemblées.
+ fr. Robert Le Gall
Archevêque de Toulouse