2 Septembre 2017
Edito de l'Espace 85, septembre 2017
Une expérience de vacances : balade le long d’une plage de la Manche jusqu’à un rocher assez loin qui était la dernière pointe de cette côte. Les vacanciers cherchaient des coquillages et curieusement, allaient dans le sens inverse de moi. Au retour effectivement, la mer avait commencé à monter. Plus tard, j’ai fait le tour de la baie en voiture jusqu’à un point de vue superbe où, à ma surprise, j’ai vu que le lieu de ma balade était devenu une île ! J’aurais pu rester coincé sur cette île alternative le temps de la marée haute, moi qui, naïf et plutôt méditerranéen, ne suis pas habitué au phénomène des marées ! Les marées sont pourtant pleines d’enseignements : à marée basse, les conchyliculteurs peuvent travailler à leur élevage de moules ou autres fruits de mer et les amateurs ramasser les coquillages, découvrir les merveilles que recèlent une plage à découvert ou les rochers côtiers. Lorsque la marée est descendante, la plage retrouvée n’est pas tout à fait la même qu’à la marée basse précédente. Il y a eu des transformations, des déplacements, des dépôts nouveaux de richesses de la mer. La marée haute est le moment pour les bateaux de partir du port, prendre le large et gagner la haute mer.
Nous aussi avons des marées dans notre vie ou dans nos journées. Des moments de basses eaux où le moral est parfois aussi un peu bas. Pourtant, n’est-ce pas le moment de chercher en nous ce que nous avons de meilleur ? Ce qui est enfoui dans nos sables mais qui ne demande qu’à être découvert ? Quant aux hautes eaux, il ne faut pas hésiter, lorsqu’elles sont là, à larguer les amarres qui nous retiennent dans nos habitudes. C’est le moment de gagner le large, de vivre les traversées qui nous attendent.
Les marées sont dues au phénomène de gravitation, en particulier par l’attraction de la lune. Lorsque la marée est haute d’un côté de l’océan, elle est basse de l’autre côté.
Nous aussi nous sommes attirés de tout notre être par Celui qui nous donne la vie et qui nous apprend à aimer. Celui qui respecte notre liberté par son flux et son reflux. Celui qui s’occupe de tous ses enfants à travers le monde. Pensons que lorsque notre vie ou notre cœur sont à marée basse, d’autres sont prêts pour un nouveau départ. Pensons aussi à ceux dont la mer est montée trop haut et qui ont été inondés. Pensons à notre monde qui nous amène des marées de migrants. Savons-nous les accueillir, leur offrir un port d’attache, voir en eux leur dignité et pas seulement leurs problèmes insolubles ?
Notre Église est souvent comparée à un bateau. Frêle esquif sur l’océan du monde. L’océan est plein de vie et de richesses qui sont là pour être partagées et non pas exploitées. Lorsque le bateau est à quai, profitons de la marée basse pour travailler au nettoyage de la carène, pour faire toutes les réparations nécessaires. Puis faisons équipage pour affronter l’océan avec toutes ses inconnues. Nous venons de vivre un temps de coupure avec l’été et les vacances pour les plus chanceux. La rentrée n’est-elle pas un temps de hautes eaux ? Un temps pour partir, non pas à l’abordage mais à l’accostage amical de lieux nouveaux, vers des rivages et des visages à découvrir, reflets de l’image de Dieu ?
Bon vent à chacun, sachons déguster les fruits de mer et les fruits de l’Esprit !
J-Christophe Cabanis - Edito de l'Espace 85, septembre 2017