18 Novembre 2022
On peut imaginer la souffrance de Jésus sur la croix, crucifié. A cette souffrance physique se rajoutent les moqueries et les insultes : celles des chefs, des soldats et de celui qu’on appelle « le mauvais larron » : Tous voudraient qu’il se sauve lui-même pour montrer qu’il est le Messie. Mais ça n’intéresse pas Jésus de se sauver lui-même. Il n’est pas venu pour cela, il est venu pour nous sauver nous.
Jésus ne se défend pas par la parole. Il se défend par son attitude, qui est celle de la douceur et de la non-violence, et aussi du pardon. Et c’est cette attitude qui touche celui qu’on appelle « le bon larron ». Jésus sur la Croix puise sa force dans son amour pour son Père auquel il s’abandonne. La force de pardonner à ses bourreaux, la force de sauver. Et ce dialogue entre Jésus et cet homme est très beau. Même sur la croix, qui est un symbole de mort et d’impasse, Jésus lui promet un avenir. Il lui promet de le prendre avec lui. C’est la seule fois que Jésus emploie le mot « Paradis ». Jusque-là, il parlait toujours du Royaume. Le paradis, ce n’est pas celui qui est perdu, le jardin d’Eden avec au milieu l’arbre de la vie. Le Paradis dont parle Jésus, c’est bien le Royaume de Dieu, où l’arbre de vie est justement sa Croix. C’est le don de la vie de Jésus qui permet à nous tous d’avoir la vie éternelle. Nous ne sommes pas tous des larrons, mais nous sommes tous des pécheurs, nous avons besoin de nous tourner vers Jésus comme la source de l’amour, parce que tout seul, nous ne sommes pas capables de bien aimer.
Cet évangile nous invite aussi à ne pas juger. « Le bon larron » a été capable du meilleur juste avant sa mort. Il a pu rencontrer Jésus et se savoir aimé. Nous devons tous croire que l’autre est capable d’aimer, qu’il est un enfant de Dieu.
C’est aujourd’hui la fête du Christ-Roi. Le trône qu’on a offert à Jésus est une croix, ce n’est pas une belle reconnaissance ! Le roi, c’est celui qui juge. Le jugement de Jésus sur la Croix est plein de bienveillance et de pardon. Nous aussi nous ne sommes pas jugés, nous sommes aimés et pardonnés, appelés à la vie.
La fête du Christ-Roi, c’est aussi la nôtre parce que nous sommes tous des rois et des reines du Royaume de Dieu depuis notre baptême. Et aussi des servantes et des serviteurs de ce Royaume. Jésus ne nous dit pas ce que nous devons faire, mais l’attitude que nous devons avoir. Une attitude pleine d’amour, de compassion, de fraternité.
Dans la 1ère lecture, David est choisi par les siens pour être roi sur les 12 tribus d’Israël. Ils le reconnaissent comme le berger d’Israël. C’est vrai que David était d’abord berger quand il a été choisi par Samuel pour recevoir l’onction des rois. Jésus aussi on l’appelle berger : le berger de toute l’humanité, parce qu’il nous rassemble, il nous conduit vers les meilleurs pâturages. Il prend soin de chacune de ses brebis, de chacun de nous. Nous devons, nous aussi, avoir le souci de rassembler, le souci de la brebis égarée, la plus en souffrance.
Et puis nous avons entendu la belle hymne de St Paul qui glorifie le Christ, « image du Dieu invisible… en lui tout fut créé ». Il a créé l’univers. L’univers, il est immense, on continue de l’explorer. On cherche ses lois, comme celle de la gravité. Jésus nous dit que la loi la plus importante dans l’univers, c’est celle de l’amour, celle d’aimer la Création et de nous aimer les uns les autres. St Paul dit encore que le Christ est la tête de l’Eglise. Nous sommes son Corps. Nous participons à son Royaume d’amour si nous sommes pleins de compassion et sommes des artisans de paix, des artisans du Royaume du Christ-Roi.
P. Jean-Christophe Cabanis
2 S 5, 1-3 ; Ps 121 (122), 1-2, 3-4, 5-6 ; Col 1, 12-20 ; Lc 23, 35-43