21 Juin 2019
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Corinthe, Paul y a séjourné un an et demi. Les deux tiers des habitants sont des esclaves ou des affranchis, au milieu de riches, de marins, de dockers, de soldats, etc. Un mélange de situations sociales, d'origines, de religions... La petite communauté chrétienne reflète les caractéristiques de la ville. Pas encore d'églises, on célèbre l'Eucharistie dans une ou plusieurs maisons, au cours d'un repas. Dans le passage précédent, Paul reproche à ce repas tiré du sac par chacun, ou peut-être parfois fourni par un riche qui donne priorité à d'autres de sa catégorie sociale, de ne pas être partagé, de créer des divisions, des inégalités : Lorsque vous vous réunissez tous ensemble, ce n’est plus le Repas du Seigneur que vous prenez ; en effet, chacun se précipite pour prendre son propre repas, et l’un reste affamé, tandis que l’autre a trop bu. [...] Méprisez-vous l’Église de Dieu au point d’humilier ceux qui n’ont rien ? Que puis-je vous dire ? Vous féliciter ? Non, pour cela je ne vous félicite pas !
"Le Repas du Seigneur", c'est un des premiers noms donnés à la messe. Paul se réfère à ce qu'il a reçu venant du Seigneur lui-même et transmis par lui à Corinthe, le repas du soir du Jeudi-Saint, une "transmission", recevoir et transmettre, une "tradition" au vrai sens du terme. En lisant, je suis au cœur de la prière eucharistique de chaque messe, dans les paroles de la consécration. Je vais m'attarder sur chaque expression, chaque détail du texte, lire et relire, en faire du "par cœur", faire entrer dans mon cœur : la nuit où il était livré... du pain... ayant rendu grâce... le pain est rompu, donc pour être partagé... mon corps... pour vous... mémoire de moi, "mémorial" c'est-à-dire actualisation, présence réelle, aujourd'hui (et pas seulement souvenir du passé), pain et vin devenus corps et sang du Christ...
Un autre enseignement de cette lecture, et il est primordial, vient de son contexte. Une communauté divisée, où il y a un grand manque d'attention des uns envers les autres, qui n'est pas fraternelle, ce n'est pas l’Église de Dieu. Saint Jean dans son Évangile ne raconte du soir du Jeudi Saint que le lavement des pieds : Si donc je vous ai lavé les pieds, moi le Seigneur et le Maître, vous aussi vous devez vous laver les pieds les uns aux autres. Car c'est un exemple que je vous ai donné, pour que vous fassiez, vous aussi, comme moi j'ai fait pour vous. J'ai des questions à me poser à ce sujet, une prière à faire, peut-être des décisions à prendre. Une des prières pénitentielles du début de la messe, le "Je confesse à Dieu", me fait dire : J'ai péché en pensée, en parole, par action et par omission. Bonne entrée au Repas du Seigneur quand je reconnais ma fragilité et mon péché. Quels sont mes sentiments réels fraternels quand je vais partager le "Repas du Seigneur", l'Eucharistie ? Qu'est-ce que j'y apporte de fraternel ? Jésus y multiplie le pain de sa miséricorde (je relis l’Évangile du jour).
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