26 Février 2023
Jésus a vraiment pris notre condition humaine puisqu’il a été tenté. On peut résumer ces trois tentations par celles de l’avoir, du paraître et du pouvoir.
Jésus a eu faim. Mais il n’a pas voulu tricher en changeant des pierres en pain. Jésus est solidaire de ceux qui ont véritablement faim. Et il donne cette belle réplique au démon : « L’homme ne vit pas seulement de pain ». En ce temps de Carême, nous savons que nous avons une autre nourriture, c’est celle de la Parole de Dieu, et c’est aussi le pain du partage.
Jésus n’est pas dans le paraître, il est dans la discrétion. Quand il fait des guérisons, il ne veut pas que ça se sache. Il n’est pas là non plus pour se jeter dans le vide, il est venu au contraire pour nous élever. Il ne sert à rien de se jeter du haut du Temple, c’est de la vanité. Le Temple l’intéresse, mais c’est celui de l’Esprit, celui de l’intérieur, qui n’est pas dans le paraître mais l’être.
Jésus n’est pas venu assurer une puissance, sauf celle de l’amour. Il n’est pas venu asservir mais servir. Il ne va pas se prosterner au pied du tentateur, mais il lavera les pieds de ses disciples. Il n’est pas venu pour dominer les royaumes de la terre mais pour offrir le Royaume des Cieux. Il n’est pas dans un rapport de force mais dans un rapport d’amour avec son Père et avec les hommes.
Jésus est au désert, juste après son baptême, poussé par l’Esprit. En résistant au diable, au diviseur, il prépare sa mission, et déjà dans ces tentations déjouées, on voit se profiler des horizons beaucoup plus lointains, alors que le tentateur voulait le réduire à l’immédiat.
Le pain sera bien au centre de la mission de Jésus. Il les multipliera et les distribuera aux foules venues l’écouter. Et le soir du jeudi saint, juste avant sa Passion, il prendra du pain en disant que c’est son Corps. Jésus ne triche pas avec le pain, mais il se donne lui-même en nourriture.
Puis Jésus sera arrêté, crucifié. Il sera tenté de se jeter du haut de la croix. « Sauve-toi toi-même » lui criaient les passants. Mais Jésus ne va pas tricher là non plus. Il va accepter sa mort en pardonnant aux bourreaux et le jour de Pâques, il ressuscitera. Et il entrainera dans son Royaume le larron repenti qui est sur la croix à côté de lui.
Jésus, c’est le Royaume des Cieux qu’il est venu annoncer et inaugurer. Sa royauté n’est pas de ce monde, dira-t-il. Ce n’est pas devant l’argent qu’on doit se prosterner, devant la réussite matérielle ou devant des idoles, mais Jésus est venu pour nous apprendre à connaitre son Père et à l’aimer. Ce sont nos frères et sœurs en humanité que nous avons à servir dans ce Royaume inversé où les derniers sont les premiers.
Nous avons aussi entendu ce beau récit de la Genèse qui nous parle de tous les bons arbres de la Création et aussi des limites à ne pas franchir. L’arbre de la connaissance du bien et du mal est réservé à Dieu. Ce n’est pas nous les hommes qui décidons de ce qui est bien ou de ce qui est mal, seul Dieu peut nous éclairer pour le savoir. Que le Carême nous aide à apprécier tous les fruits qui nous sont donnés par Dieu dans la Création, sachons les préserver, les respecter et sachons scruter la volonté de Dieu, à travers sa Parole pour faire le bien, au nom de Jésus, et pour repousser le mal.
P. Jean-Christophe Cabanis
Gn 2, 7-9 ; 3, 1-7a ; Ps 50 (51), 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17 ; Rm 5, 12-19 ; Mt 4, 1-11