23 Novembre 2017
Si j'aborde la liturgie de cette fête du Christ-Roi, en lisant d'abord ce que dit l'apôtre Paul, je risque d'être surpris : un Christ, qui est roi et qui doit régner en mettant sous ses pieds tous ses ennemis et, en final, la mort. Mais la liturgie me fait d'abord entendre un beau texte d’Ézéchiel : le Seigneur est comme un berger plein d'amour et de tendresse pour son troupeau. Et le psaume : Le Seigneur est mon berger, rien ne saurait me manquer. L'évangile du jour, c'est le grand texte de Matthieu qu'on appelle souvent le "Jugement Dernier" : Le Fils de l'homme, Jésus-Roi, dans sa gloire, à la fin des temps, va m'aider à porter un "jugement", un discernement, un regard de clarté, sur ma vie. Il va dévoiler à tous, chrétiens ou non-chrétiens, (toutes les nations seront rassemblées devant lui) les bons et beaux côtés de leur vie (et par ricochet les moins bons), à partir du seul critère suivant : chaque fois que vous l’avez fait à l'un de ces plus petits de mes frères, c 'est à moi que vous l'avez fait.
Paul écrit à des chrétiens qui doutent de la résurrection des morts. Et pour affirmer cette résurrection, il avance un argument de poids dans un verset précédent : Si les morts ne ressuscitent pas, alors le Christ non plus n'est pas ressuscité. Le Christ est d'entre les morts, lui, le premier ressuscité. En langage biblique, le "premier" (ou "prémice") c'est celui d'où découlent tous les autres, celui en qui sont en germes tous les autres, celui qui ouvre le chemin. Jésus m'ouvre le chemin d'une vie éternelle de ressuscité.
Alors Paul se lance dans un face à face "Adam-Christ". Adam, c'est l'homme en général, "monsieur humain". Un vis-à-vis "Homme-Christ", un duo inséparable. La mort fait partie du parcours de l'être humain, elle est passage obligé vers une maturation définitive de notre être en Dieu par Jésus Dieu et Homme. Le début du livre de la Genèse utilise des images pour nous faire comprendre la vérité religieuse forte que tout vient de Dieu et va vers Dieu, que notre liberté sur le chemin est donnée par Dieu, et que nous n'en profitons pas pour tout orienter vers notre créateur. Mais Dieu ne nous abandonne pas. Nous avons goûté aux fruits de l'arbre qui, pensions-nous en notre orgueil, allaient nous faire accéder à Dieu par nous seuls, en taillant notre route pour notre seul profit. Mais, dit la Genèse, Le Seigneur Dieu fit à l’homme et à sa femme des tuniques de peau et les en revêtit ; il les habilla de sa miséricorde avant de les envoyer dans le monde. Nous sommes "en Adam" et nous sommes aussi "en Christ" pour une résurrection plénière. Dans le texte original grec, lors de sa parousie ; une "parousie", c'était l'entrée triomphale d'un roi dans une ville, accueilli par les acclamations de son peuple. A la fin des temps, une "Parousie" pour toujours, une venue du Christ qui se mettra lui-même sous le pouvoir du Père. Le Christ ? Sa personne humaine et divine, et nous aussi en lui, car nous serons pour toujours en Christ Nouvel Adam (selon Paul dans l’épître aux Romains), c'est-à-dire, en notre humanité achevée, purifiée, glorieuse de la gloire de Dieu. Et Dieu sera tout en tous.
Je vais relire plusieurs fois ce que l'apôtre Paul me dit, lentement, en contemplation. Je vais parler au Seigneur, lui dire ce qui me vient au cœur, lire les autres lectures du jour, prier avec le psaume.
Paul C.