23 Janvier 2016
Il est rare que l’Eglise nous propose 2 passages d’Evangile en une seule lecture. Nous avons d’abord les 4 premiers versets du chapitre 1 de st Luc, puis nous passons directement au 4e chapitre. Cela peut paraître étonnant, en fait nous avons devant nous deux préfaces.
La première, c’est Luc lui-même qui nous dit comment il s’y est pris « pour composer le récit des événements qui se sont accomplis » et pourquoi il l’a fait. Sautant au 4ème chapitre il nous rapporte l’acte inaugural de Jésus, le début de sa vie publique dans la synagogue de Nazareth.
Mais revenons d’abord à la préface de Luc. D’entrée de jeu il déclare ne pas être témoin oculaire de ce qu’il va raconter. Il a simplement vu et entendu ceux qui sont « devenus des serviteurs de la Parole ». Son but n’est pas de raconter la vie de Jésus, mais de transmettre son message.
Même s’il dit « s’être soigneusement informé de tout depuis les origines, il ne s’affiche pas comme historien ou biographe. Il ne retiendra des évènements que ce qui va servir à communiquer au mieux la Parole, l’essentiel du message. Il ne fait pas de l’histoire, pour preuve cet événement de la synagogue de Nazareth, Matthieu et Marc le situent beaucoup plus tard. Luc en fait lui l’acte inaugural du ministère de Jésus, c’est à Nazareth « là où Jésus avait grandi », dans la synagogue, un jour de sabbat.
Qui était Luc ? Paul dira qu’il était médecin de profession. Etait-il juif ? On penche plutôt qu’il était un païen car il souligne que le message a été d’abord adressé aux juifs et que par un mystérieux virage de l’histoire, il sera ensuite annoncé aux païens. Cet épisode de la synagogue de Nazareth est un résumé, un raccourci de la mission de Jésus. Il l’emprunte au passé religieux du peuple juif, au livre d’Isaïe écrit 5 siècles plus tôt, comme pour souligner que les racines ne sont pas coupées ni la tradition non plus.
Trois mots du texte viennent bouleverser l’ordre établi : pauvres, libération, année de grâce. Les compatriotes de Jésus, les nazaréens, opposeront un refus catégorique. Comment accepter un Messie qui prêche la libération des pauvres et qui déclare « l’année de grâce, c’est aujourd’hui ! »
Au temps d’Isaïe, la Bonne Nouvelle était l’annonce du retour des déportés au pays, avec Jésus, la Bonne Nouvelle est surtout l’annonce aux pauvres qu’ils sont les privilégiés de Dieu, l’annonce de leur libération. Avec Jésus c’est la fin de tous les esclavages, la libération de tout péché par l’Amour. Enfin, l’annonce de la Bonne Nouvelle est l’annonce de « l’année de grâce », cette année jubilaire où les dettes seront remises, où l’on rétablira conformément à la Loi un ordre terrestre davantage à l’image du Royaume.
Que retenir de ces deux textes ?
Père Charles de Llobet
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