Évangile de Jésus-Christ selon saint Matthieu 18,15-20.
Jésus disait à ses disciples : « Si ton frère a commis un péché, va lui parler seul à seul et montre-lui sa faute. S'il t'écoute, tu auras gagné ton frère. S'il ne t'écoute pas, prends encore avec toi une ou deux personnes afin que toute l'affaire soit réglée sur la parole de deux ou trois témoins. S'il refuse de les écouter, dis-le à la communauté de l'Église ; s'il refuse encore d'écouter l'Église, considère-le comme un païen et un publicain. Amen, je vous le dis : tout ce que vous aurez lié sur la terre sera lié dans le ciel, et tout ce que vous aurez délié sur la terre sera délié dans le ciel. Encore une fois, je vous le dis : si deux d'entre vous sur la terre se mettent d'accord pour demander quelque chose, ils l'obtiendront de mon Père qui est aux cieux. Quand deux ou trois sont réunis en mon nom, je suis là, au milieu d'eux. »
Tous les textes de ce dimanche nous invitent à vivre la fraternité, la solidarité entre nous.
Dans la première lecture nous sommes appelés comme le prophète Ezéchiel, à devenir des guetteurs » pour éradiquer, éliminer tout ce qui pourrait nuire à la bonne entente de la « maison d’Israël ». Il nous faut dénoncer tout ce qui nous empêche de vivre en bonne entente. Il n’est pas question de porter un jugement, de condamner, mais d’avertir, de dire « attention , tu es en train de prendre une mauvaise direction, une mauvaise pente « « Avertis le méchant d’abandonner sa conduite » nous dit Ezéchiel, ce n’est pas une question de morale mais bien d’une bonne harmonie entre frères.
Jésus lui-même nous donnera l’exemple à travers l’image du « Bon Pasteur » qui part à la recherche de la brebis perdue… Il la récupère, la charge sur ses épaules et la ramène au bercail…Il n’y a pas de jugement, il n’y a pas de châtiment, simplement la joie d’avoir retrouvé la brebis égarée.
St Paul dans la seconde lecture nous rappelait en faisant référence aux commandements qu’il y a une seule loi qui compte, celle de l’AMOUR. Là encore ne tombons pas dans le panneau en disant « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », ou dans un vague sentiment rose bonbon, dans le style du Ravi des santons de Provence. Jean Paul II disait « La solidarité n’est pas un sentiment de compassion vague, ou d’attendrissement superficiel. C’est la détermination ferme et persistante de travailler pour le bien commun ». En travaillant pour le bien commun nous devenons nous les croyants des guetteurs d’amour et de paix en solidarité avec le genre humain, comme le disait le concile dans Gaudium et Spes.
Enfin dans le passage d’Evangile, Matthieu nous donne des instructions pour la vie communautaire et aussi celle de l’Eglise. Il nous invite à devenir responsables de nos frères. Qui de nous, un jour ou l’autre n’a pas eu un litige, un différend avec un voisin, un collègue de travail ou même un ami... Jésus nous propose d’aller le voir, de lui parler seul à seul (question de discrétion !). S’il ne veut rien entendre, à ce moment- là, toujours avec discrétion, prendre 2 ou 3 personnes pour témoins et régler l’affaire… Et s’il s’obstine toujours, la sentence est sans appel considère le comme un « païen et un publicain ». Curieuse sentence quand on se souvient de l’attitude si accueillante de Jésus envers les « païens » et les « publicains » !
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A t’-il pu employer cette expression en lui donnant un sens de rejet méprisant ?
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L’a t’il reprise seulement pour exprimer la séparation de fait qui vient de se creuser ?
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Ou simplement a t’-il voulu se calquer sur l’attitude de ses contemporains qui se refusaient de fréquenter les païens et les publicains ? Difficile à éclaircir… c’est un mystère de plus de l’Evangile !
Au final il y a dans ce texte un autre mot « phare », un mot qui éclaire, plus important que tous les règlements ou jugements, c’est celui de PERE. » Si deux d’entre vous se mettent d’accord pour demander quelque chose, ils l’obtiendront de mon Père ». C’est lui notre seul et dernier juge. Et enfin cette parole de Jésus qui introduit parmi les hommes une présence discrète « Quand 2 ou 3 sont réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux »…Même dans les litiges on peut lui faire confiance…
Père Charles de Llobet