Homélie du mercredi des Cendres

22/02/2023 12:15

Le retour vers Dieu, c’est l’histoire de l’humanité ! Le retour vers Dieu, c’est l’histoire de chacun de nous ! Déjà, Le livre du prophète Joël exhortait tout le peuple hébreux à la confiance, depuis les anciens jusqu’aux nourrissons ! Des jeunes époux jusqu’aux prêtres !

Revenez à moi de tout votre cœur, [...] revenez au Seigneur votre Dieu, car il est tendre et miséricordieux, lent à la colère et plein d’amour, renonçant au châtiment.

La conversion est personnelle mais elle ne s’épanouit véritablement que dans une communauté. Son milieu naturel : c’est l’Église, car la foi grandit d’elle même quand elle est vécue et partagée. Il n’en reste pas moins qu’en tout homme, il y a un désir profond : celui de devenir juste. Pour reprendre les mots de l’Évangile : devenir juste, c’est à dire devenir ce que nous sommes, être unifié intérieurement, être dans la paix avec soi-même et agir en pleine conscience, une conscience éclairée par le Dieu tendre et miséricordieux.

Dans sa prière de Carême, St Ephrem demande à Dieu : Seigneur accorde moi de voir mon péché et de ne pas condamner mon frère.

Le carême est le temps d’une réconciliation essentielle : celle que l’on doit faire avec soi-même… on ne peut pas vivre en guerre contre soi ! Ce chemin de réconciliation, c’est le christ lui-même qui nous y conduit et St Paul lui exhorte les corinthiens : Laissez-vous réconcilier avec Dieu ! Nous vous exhortons encore à ne pas laisser sans effet la grâce reçue de lui. St Paul nous appel à la confiance : Au moment favorable je t’ai exaucé, au jour du salut je t’ai secouru. Le voici maintenant le moment favorable, le voici maintenant le jour du salut.

Laissons cette exhortation faire écho en nous au début de ce carême. Nous pouvons aussi méditer le psaume 50 qui exprime le passage de la défiance due aux conséquences de nos péchés à la confiance en Dieu. C’est la Prière libératrice du pécheur qui se sait déjà pardonné.

Ce cheminement avec et vers le Christ, c’est aussi la rencontre de l’effort de l’homme avec la grâce de Dieu.

L’effort de l’homme, ce sont tous les actes concrets qui manifestent notre désir de conversion, de retour vers le Seigneur (l’aumône, la prière et le jeune). C’est ce qu’il nous revient de faire, ce qui est à notre portée : un effort de sobriété, de dépouillement à la suite du Christ au désert comme pour nous défaire du masque de nos habitudes. Cet effort crée en nous les conditions pour accueillir la grâce que le Seigneur veut pour nous. Jésus donne en quelque sorte un mode d’emploi très concret et précis ! Pour synthétiser son enseignement : Faire l’aumône, prier ou jeûner sans jamais se glorifier soi-même. Jésus insiste sur ce point, car ces efforts concrets de carême, sont vraiment le lieu de l’action de la grâce. D’ailleurs agir de cette façon est déjà une grâce, car cela crée en nous un dynamisme qui nous décentre de nous-même et nous tourne vers les autres.

L’action de la grâce, c’est Jésus lui-même qui la garantit à ses disciples : ton Père qui est présent au plus secret ; ton Père qui voit au plus secret te le rendra.

Le temps du carême peut sembler parfois difficile à vivre, exigeant, il passe par des moments de sécheresse ou de découragement, alors restons convaincu que la grâce est à l’œuvre. Comme nous y invite Jésus : Laissons-nous regarder par le Père avec confiance, son regard nous éclaire et il sait de quoi nous avons besoin. Le temps du carême est un temps pour vivre la présence silencieuse du Seigneur et son action dans notre vie. Les fruits de cette présence sont la paix et la joie vécues dans l’espérance qui nous conduit à Pâques. Aujourd’hui : laissons-nous réconcilier avec Dieu ! Amen.

P. Pascal Desbois

Jl 2, 12-18 ; Ps 50, 3-4, 5-6ab, 12-13, 14.17 ; 2 Co 5, 20 – 6, 2 ; Mt 6,1-6.16-18